Tour de la Grande Terre – Partie 2

Tour de la Grande Terre - Partie 2
18/01/2013
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Partie 2 – Vie dans la tribu de Tendo

Hienghène… Sa poule, sa petite superette amenant l’occidentalisation de certains produits aux locaux, et enfin, ses locaux eux-mêmes, et par prolongement, ses tribus…!
Ce coin de l’île regorge de tribus, et parmi celles-ci, certaines familles font de « l’accueil en tribu », c’est à dire qu’elles hébergent des « étrangers » (comprendre des blancs en quête de dépaysement) chez elles, moyennant finance !
Les réservations se font à l’Office de Tourisme de Hienghène, véritable lien entre les accueillants et les accueillis.

Après avoir précisé que nous avions une petite voiture et pas un 4×4 (car certaines tribus ne sont accessibles qu’en 4×4), nous avons obtenu les « coordonnées » de nos hôtes : chez Marie-Reine dans la tribu de Tendo ! A 30 minutes de Hiengène en voiture. Hum, en fait, on a mis 1 heure, c’est de la piste vraiment défoncée, nids de poules, rivières à traverser et flaques géantes ! Et on s’est dit qu’une fois qu’on y serait, on y resterait jusqu’au départ ! Une fois à Tendo, et après avoir demandé à la moitié des habitants où se trouvait notre dame, nous sommes enfin arrivés ! Et là, whaou ! Quel dépaysement en effet ! La tribu est dans la jungle, littéralement.
Marie-Reine est arrivée, nous avons fait la coutume, ce qui consiste à lui offrir un bout de tissu, appelé Manou, dans lequel on place de l’argent, et un paquet de cigarettes.
Le tissu tisse les liens entre les personnes, la fumée de cigarette représente la transmission (l’air, la parole), et l’argent fait référence à l’ancienne monnaie kanak, qui était échangée pour sceller des accords / mariages etc… Je crois que c’est quelque chose comme cela. Après, elle nous a expliqué que les cigarettes, c’est bien, mais qu’ils manquent de tout ici, et qu’un paquet de riz, ou de pâtes fait très plaisir également, et est parfois plus utile. En tout cas, tout est décoré avec des bouts de tissus, et on se dit que les Manous servent vraiment !

Nous avons fait un tour du village, croisé des jeunes, discuté avec eux, et nous nous sommes imprégnés de cette atmosphère particulière. Il n’y a rien, hormis la route de terre, pas de commerces, des habitations sommaires, des voitures en ruine, des chevaux maigres « garés » en bord de chemins, mais des gens souriants.
Notre famille est composée de Marie-Reine et Albert, et leurs 3 enfants : Stanley, Ericka et Gelona. Le soir, elle nous a fait à manger, mais nous avons mangé seuls, car eux mangent plus tard, et pas forcément ensemble. En tout cas, c’était très bon !
Marie-Reine est quand même restée avec nous pour discuter.

Leur maison est constituée de 4 parties distinctes habitables :
- une partie cuisine / salle à manger, en bambous et feuilles de palmiers
- une case avec 2 chambres pour les enfants
- une case avec une chambre pour les parents
- et une cahute coupée en deux pour les toilettes et la douche

Ils ont l’électricité, et l’eau courante. Pour l’eau courante, c’est un robinet de jardinage qui arrive sur le terrain. Un tuyau d’arrosage y est relié, et il sert pour la cuisine, et pour remplir les seaux pour les WC et douche.
Pour la douche, c’est une bassine. On se met dedans et on se mouille / rince en se balançant de l’eau du seau sur le corps ! Ne demandez pas l’eau chaude hein !
Pour les toilettes, idem, après ses petites affaires, on balance un seau d’eau dans le trou pour « tirer la chasse ».
Et on n’oublie pas de remplir le seau pour les prochains ! Donc quand on va aux toilettes la nuit, il faut sortir dehors, s’éclairer à la lampe torche, trouver le chemin etc etc !

Notre chambre était en fait celle de Stanley, le petit dernier de 13 ans, et lui dormait avec ses soeurs à côté.
A la vue du vrai matelas qui nous attendait, on a failli pleurer de joie ! Tant de confort après toutes nos nuits finies sur le sol ! C’était magnifique !
On a super bien dormi, hormis un petit mille-pattes tombé du plafond sur Sandrine, mais rien de grave :) !

Le lendemain matin, après un super petit déjeuner avec des crêpes fries dans l’huile (mi-crêpes mi-beignets), nous avons fait une randonnée avec Stanley en tant que guide, pour monter jusqu’au barrage avoisinant. Il fourni toute les tribus en eau potable, ainsi que Hienghène. C’était bien sympa, il nous a fait découvrir le chewing-gum local, qui est la sève d’un arbre, et on a coupé à la machette des longues tiges de bambous. Mais pas n’importe lesquelles ! Du bambou jaune et pas vert, pas trop épais, assez droit… pour pouvoir en faire des sagaies ! Vous verrez pour quel usage plus loin…!

De retour au village, nous sommes allés au mini-marché de la tribu, où quelques femmes vendent leur produits 2 fois par semaine. C’est le seul lieu pour faire des emplettes ! Après s’être rafraichis avec un jus d’ananas frais, on a regardé les femmes jouer au bingo, LE jeu par excellence en Nouvelle-Calédonie ! C’est le LOTO de chez nous ! Elles parient 50 Francs (40 centimes d’Euros) à chaque fois, et pour le dernier tour, ce sont des produits du marché pour la gagnante !
Elles m’ont laissé jouer une partie et c’était bien sympa ! On a bien rigolé, bonne ambiance ! Et à 11h45, elles sont vite parties pour ne pas louper leur feuilleton ! Car oui, ils ont quand même des petites télés, même ici !

On a mangé chez nos hôtes, un pur repas : carpes pêchées du matin, riz, bananes poingo, manioc et une super limonade maison ! Ah oui ! Ils n’ont pas de frigo ! Donc tout est frais ! Si tu veux du poisson à midi, ben tu le pêches le matin et pi c’est tout ! Elle n’avait plus de bouteille de gaz, donc tout était cuisiné à l’ancienne, sur des braises au feu de bois… Donc forcément… C’est à tomber !

Et l’après-midi… C’est l’activité ! C’est quoi ça ?
L’activité, c’est un moment de partage avec la tribu, ça peut être : confectionner un panier en feuilles de palmiers, préparer un bougna avec une mémé du coin etc… C’est payant, mais c’est enrichissant en même temps, et tout le monde est content au final, enfin je pense…
Pour notre part, on voulait faire une certaine activité, et c’est ce qu’on a fait : de la pêche à la crevette !!! Oh yeah ! Mais à la façon « Tribu de Tendo » !
Albert n’en avait pas fait depuis un petit moment, il était bien motivé, pour se dérouiller un peu !
On a récupéré les 3 bâtons de bambou du matin, Albert a récupéré des rayons métalliques de roues de vélo, les a enroulé par 3 ou 4 dans un bout de tissu, et les a enfoncé à une extrémité du bambou !
Ensuite, avec un fil de fer, il a consolidé le tout en enroulant de façon très serré ce fil. Et voilà comment on fait des sagaies pour la pêche ! Ils prononcent « Sagaille ».

Nous sommes ensuite partis avec Ericka, spécialiste du filet, Stanley, et Albert, pour remonter la rivière sur 5 km, pieds nus, dans les pierres, branches, herbes hautes et racines, et tous les courants de la rivière, avec en bonus le matos photographique à porter, et donc un challenge supplémentaire pour ne pas glisser/tomber/couler : sport !

On s’aide d’un masque pour repérer la crevette dans les courants, même si Albert arrive à les voir debout, de loin… balaise ! Et ben c’est chaud chaud cacao ! La crevette est marron/grise, de la même couleur que les pierres, et dès qu’elle voit une ombre, elle file très rapidement ! Moi qui pensais qu’elle était lente… Non non… Elle sait pourquoi on vient…! Donc à l’ancienne, sagaie dans une main, position de chasseur, sur ses appuis, près à détendre le bras et à piquer vite et très précisément ! Pas de seconde chance avec cette méthode !
Donc vous imaginez ma joie quand je suis arrivé à en choper une !!! L’extase ! La victoire !!! Sauf que pour nourrir toute une famille, c’est maigre…
Albert est arrivé à choper un poisson, a loupé une anguille qui a sauté hors de l’eau pour l’éviter, a couru avec Stanley dans la rivière à une vitesse incroyable, comme si c’était du gazon… Enfin bref, du grand spectacle, et une super sensation de retour aux sources, car tu manges ce que tu attrapes. Comme dit Albert : « Quand je sors pêcher, c’est pas pour rien, j’y vais pour attraper et pour manger ! »
Au final, maigre pêche, une dizaine de crevettes, dont une ou deux belles pièces avec leurs pinces !
Mais ça a permis à Marie-Reine de faire une bisque super bonne ! Et on a mangé nos trophées le soir, avec en plus un civet de cerf tué récemment qui était un pur délice (j’ai tout mangé), du riz, du taro, des bananes poingo etc…
Un repas de fête ! Et là, Marie-Reine et Albert ont mangé avec nous, c’était super bien, on a beaucoup discuté de plein de sujets différents, de l’avenir des tribus, de la transmission du savoir etc… Super soirée.

On en a aussi profité pour regarder le feuilleton fétiche de Marie-Reine : Sacrifice de femme ! Une novela vénézuélienne, sorte de feux de l’amour en 10 fois pire, acteurs, jeu, intrigue etc… Mais c’est la série qui fait un carton ici ! Et les spectatrices sont à fond et vivent chaque épisode ! C’était bien l’fun de voir ça avec eux, dans la chambre des enfants, qui nous expliquaient les personnages pour qu’on arrive à suivre ^^ !

Le lendemain matin, nous sommes partis pour continuer notre périple, avec des souvenirs plein la tête ! Les Kanaks sont timides et réservés, puis s’ouvrent quand ils commencent à connaître les personnes, c’est ce qu’il s’est passé ici !
Nous leur avons acheté un pot de Nutella (plus utile qu’un paquet de clopes !) que Marie-Reine est allé récupéré à l’Office de Tourisme la semaine d’après quand elle est descendue faire le grand marché, elle nous a appelé après pour nous remercier, et le contact était excellent !
Nous espérons les revoir !!!

 

6 commentaires

  1. gingyo dit :

    super cette aventure , c’est le genre de truc qu’on kifferait faire!
    et enfin de la couleur!!! lol !!!
    heu au niveau d’albert,vous êtes sûr qu’il n y avait que de la cigarette…?!!!
    gros bisous!

  2. maman dit :

    L’endroit est vraiment perdu, Sandrine toi qui as la trouille des araignées, tu a dû vaincre ta peur car les bêbêtes ne doivent pas manquer dans la case … Et toi Thibault, la douche devait bien te
    convenir ! bisous à mes baroudeurs préférés !

  3. Pierre dit :

    Tu es sûr que pour le Manou tu n’as pas vendu Sandrine en mariage pour le fils et ta 306 contre la 504 pick up ?
    Moi je ne retournerai pas de suite là-bas.

    Autre chose : les crevettes un peu marron avec des pinces pour les plus grosses, chez nous ce sont des écrevisses, non ?

    Autre chose : ça craint pas pour les petits blancs de marcher pieds nus dans la forêt vierge ? Déjà que toutes les sauterelles te piquent et que les mille pâtes sautent sur Sandrine…

    • Nous dit :

      Héhé, pour les crevettes, ce sont bien des crevettes, et non des écrevisses, plus grosses. Du coup, elles peuvent avoir de longues pinces, qui ne sont pas du tout proportionnelles au corps (genre pinces aussi longues que leur corps).
      Pour la rando pieds nus, on a pas eu de blessures ni de problèmes pour une fois !
      Biz !

  4. tétel papa maman dit :

    eh bien ça craint votre aventure ,gare aux pieds,et en ce qui concerne les wc et la douche c’est le grand luxe .gros bisous a vous 2

  5. Marie et Gilles dit :

    Le blogdukaillou c’ est trop frustrant :ça donne trop envie d’ aller vous visiter labas histoire de goûter aux fausses écrevisses .Bonjour à Marie Reine et Albert . A bientôt et merci de nous faire tant rêver avec poésie
    Bisous à tous les deux
    Marie et Gilles

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